Pourquoi mettre sa tête dans un caisson n’est pas une si bonne idée

Outre la fatigue physique et la baisse du taux de sérotonine, faire la fête n’est pas sans risque. Plusieurs évolutions réglementaires ont été introduites pour mieux protéger l’audition publique et pourtant une grande partie ignore encore les risques d’une trop forte exposition, qui sont, bel et bien réels. Faire attention à son audition, pourquoi ? Comment ? 

Premièrement, surprise, une enceinte n’est pas faite pour mettre sa tête dedans. Cette forme creuse de l’enceinte s’appelle en fait le pavillon et sert à guider le son, ainsi qu’améliorer son efficacité. Grâce à cela, l’enceinte augmente sa sensibilité et peut dépasser son spectre sonore. L’enceinte est donc déjà au maximum de ses capacités, ce qui peut avoir des répercussions assez graves si l’on est trop proche de celle-ci. Afin de se rendre compte de ce danger, prenons nos écouteurs en exemple. Selon une étude de l’IFOP faite pour la journée nationale de l’audition, écouter de la musique via des oreillettes pourrait entraîner des dégâts insidieux et irréversibles. Alors, si écouter de la musique avec ses écouteurs peut déjà être considéré comme dangereux, devant un caisson, les risques augmentent considérablement.

Le risque de la perte de l’audition est le risque majeur dans ce genre de cas. Mais au-delà de la perte complète, d’autres désagréments peuvent entrer en compte : acouphènes et pertes d’équilibre peuvent entraver la vie quotidienne ou le sommeil. C’est pour prévenir ces problèmes que certaines associations comme AgiSon, France Acouphènes ou encore Techno + agissent dans les événements festifs auprès des participants. Bouchons d’oreilles et conseils sont donnés gratuitement pour informer sur ces risques encore trop méconnus du grand public. 

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas un phénomène mineur. Près d’un milliard de personnes risquent de perdre leurs ouïes selon un rapport de l’OMS, à cause de cette écoute forte et prolongée. Les clubs, les warehouses, les open-airs, tous sont concernés par cette problématique. Face à ce danger, le 7 août 2017 est publié un décret qui abaisse la limite du niveau sonore de 105 dB à 102dB. Des zones de repos auditifs doivent également être aménagées afin de permettre aux participants de reposer leurs auditions. On pourra retrouver ces zones dans des festivals français comme Rock en Seine ou les Solidays. Cette mesure n’est cependant pas au goût de tout le monde : de nombreux acteurs de la scène comme Jeff Mills, Laurent Garnier ou Jean Michel Jarre militent contre cette limitation. Voyant le nouveau décret de 2017 comme un sacrifice de la liberté artistique, ils ont décidé d’adresser une tribune au magazine Libération.

Nous considérons les restrictions sur le son amplifié comme une atteinte au droit moral des auteurs sur leurs œuvres

Tribune ``Faites du bruit pour sauver la musique``.

Que l’on soit pour ou contre ce décret, la prévention reste importante pour ces maladies qui n’ont toujours pas de véritable traitement aujourd’hui. Seules quelques solutions ont émergé pour les atténuer et les rendre plus vivables. La musicothérapie notamment, ou l’écoute de bruits blancs, peuvent aider les personnes atteintes. Comme les acouphènes sont (supposément) liés à une perte de l’audition, le cerveau augmente sa sensibilité : c’est alors que naît le sifflement. Les bruits blancs ou certaines musiques réhabituent le cerveau à entendre, ce qui baisse sa sensibilité et par conséquent, le sifflement.

Afin d’éviter ces problèmes, la solution la plus utilisée en festival ou en concert, reste les bouchons d’oreilles. On en trouve un peu partout, avec une gamme de prix très variable, du plus accessible au plus couteux. Ceux en mousse sont souvent gratuits et à mis à disposition par les festivals ou les clubs : ils proposent une bonne atténuation des décibels, mais la qualité du son reste assez moyenne. Pour un meilleur rendu, les audiophiles pourront se tourner vers les bouchons en silicone, un peu plus onéreux mais réutilisables. Toutes les fréquences sont traitées et filtrées afin de réduire les risques au minimum.

Toutefois, la meilleure protection reste les bouchons personnalisés, qui offrent une expérience totale à l’utilisateur. Matière, couleur, type de filtre, tout est possible. Il existe également des modèles électroniques (qui changent les fréquences au-delà d’un certain seuil), mais le prix peut en décourager certains : entre 400 et 600 € la paire. Ce modèle reste donc réservé à une utilisation professionnelle (musicien, ingénieur du son, DJ, producteur…)

 

Retrouve plus d’informations sur les risques liés à l’exposition prolongée au bruit sur les sites de AgiSon, France Acouphènes et Techno +.

Crédit photo © Jérome Cabanel
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