Technopol Mix 102 | Israfil

Fluide, versatile, généreux, et résolument freak, Israfil évolue dans un univers trippy et weirdo, où la tribe rencontre la hard tek, la liquid, et la dub. Il se faufile aussi bien en free que dans les clubs sombres, à la quête des corps moites en plein cœur de la nuit. Marseillais pure souche, il grandit avec le Spart’ tous les week-end, et découvre une autre facette de la nuit, queer, libre et déjantée. Il sait qu’il ne quittera plus jamais ce monde après ça, et se met sérieusement au mix, à la production, et à l’organisation de teufs.

Établi comme l’un des piliers de Metaphore Collectif depuis plus de 10 ans, il joue et co-programme au Meta des musiques expérimentales, aventureuses, où la déchéance psychédélique prend le dessus sur l’apparence.

 

Peux-tu nous parler de tes premières rencontres avec la musique, et de la façon dont la musique électronique s’y est immiscée ?

À la base, j’écoutais surtout du rap, principalement des groupes marseillais. J’ai grandi avec ça, en enregistrant des compils sur K7 à partir des radios locales. C’était ma première façon de m’approprier la musique, de la collectionner, de la partager.

Un samedi, un grand de mon quartier m’a proposé de le suivre, sans trop m’expliquer. Il partait « faire du commerce dans les champs », comme il disait. Je me suis retrouvé, un peu par hasard, à une free party dans le 34. Et là, ça a été un hypercut. Je suis rentré dans la musique électronique par le biais de la fête, de l’ambiance, du lâcher-prise collectif. C’était un choc esthétique, social, sensoriel.

Ensuite, j’ai rencontré des gens qui m’ont mis les mains sur des platines, appris à mixer sur vinyle, et j’ai tout de suite accroché. Depuis, j’ai jamais lâché. C’est devenu naturel, comme une suite logique. La musique électronique, c’était un nouveau terrain de jeu, mais avec la même envie de partager, de créer des moments.

 

Pourrais-tu nous parler un peu du contexte dans lequel tu as créé ce podcast ? Y avait-il des émotions spécifiques que tu voulais transmettre ?

J’ai pensé ce set comme si c’était 6h du matin dans un hangar, tu es avec ta bande devant un gros mur de son en face, la tête dans le caisson. Ce moment un peu flottant où la nuit n’est pas encore finie, mais où t’es plus dans l’énergie brute du début. C’est plus mental, plus sensible, tu ressens la musique différemment.

J’ai voulu plonger les gens qui l’écoutent dans une ambiance sonore inspirée des free parties des années 2000 dans le Sud. Ce moment où le son devient presque une transe, entre hardtek, tribe, et parfois tekno, jouer avec différents kicks, un BPM qui monte tout au long du set. L’idée, c’était de faire monter la tension progressivement, de rester dans quelque chose d’organique, mais intense. Un voyage physique et mental, comme on pouvait le vivre sur les gros soundsystems.

 

Plutôt peak time ou closing ? Pourquoi ?

Jamais peak time, toujours closing. J’aime bien être là toute la soirée, écouter, danser, ressentir ce que les autres artistes proposent. Ça me permet ensuite de construire une suite logique à tout ce qui a été joué, de proposer une vraie continuité, une sorte de conclusion musicale.

Si je sens que la soirée a manqué d’intensité, je vais pousser un peu plus fort, aller chercher quelque chose de plus dur. Et à l’inverse, s’il y a eu beaucoup d’énergie, je peux calmer un peu le jeu, rendre ça plus mental ou plus planant. J’adore aussi le fait de choisir les derniers tracks de la nuit, ceux qui vont marquer la fin, laisser une sensation. Le closing, c’est un moment à part — t’as la fatigue, l’émotion, les corps relâchés — et j’aime m’occuper de cette descente-là, la rendre belle, cohérente, marquante.

 

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