
Technopol Mix 103 | Kirara
DJ et productrice queer lyonnaise, membre moteur de deux collectifs essentiels de la vie nocturne de la capitale des Gaules, House of Briantz et Métanoïa, Kirara est une artiste multi-facettes, s’étant notamment faite remarquer par ses performances aux Nuits Sonores 2023, mais aussi à La Darude, au Rex Club ou lors de la Boiler Room lyonnaise à la Halle Tony Garnier.
DJ drag ou drag DJ, peu importe, quand elle est perchée sur des stilettos, sa musique devient aussi provocatrice que son costume: breaks exaltants, pointes d’acid, parfums ghettotech, un peu de UK jungle par çi et un peu de Detroit house par là : la recette idéale pour imposer la danse et les sourires au public, devant et derrière le booth. C’est en prônant une fête queer et diverse que Kirara fait trembler chaque dancefloor qu’elle croise, défendant une musique électronique variée, pointue, féminine et assurément club.
Quels ont été les temps forts de ta traversée dans le monde de la musique ?
Il y en a plusieurs, je pourrais parler de Boiler Room, Face 2 Face ou même des Nuits Sonores. Mais je pense que les moments qui m’ont le plus marqué·e depuis mes débuts sont mes dates au Sucre. Je m’y suis toujours senti·e super bien et en phase avec mon public. Même lorsque j’ai beaucoup de nouvelles têtes en face de moi, je retrouve toujours ma communauté et les gens avec qui j’aime partager de la musique et un bon moment. C’est grâce à des instants comme ceux-là que l’on crée des heures de club culture mémorables.
Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?
Là, c’est vraiment du classic shit Kirara. Je mélange plein de mes influences dance et je me balade dans plusieurs moods et intensités.
C’est le genre de set de peaktime girl avec une présence vocale assez forte : on peut facilement bouger son cul et lip-sync les différents vocaux qui rentrent vite en tête. J’essaye de trouver des prods avec une tonalité old-school pour garder le plus possible un groove 90s (et parce que c’était mieux avant !!!! è_é)
Si tu devais changer de style musical dans le futur, lequel serait-il ?
Je pense que je deviendrais une full rockeuse. Genre le délire chanteuse/bassiste d’un groupe de goth-rock throwback qui fait un album avant de disparaître complètement et qui devient connue genre 30 ans après. Plus sérieusement, ce sont des sonorités que j’explore un peu plus en ce moment, notamment sur les projets que je bosse actuellement. Et je me vois bien les intégrer de manière régulière dans mes prods à l’avenir, et pas juste en faire un délire pour un EP.
Si tu devais changer ou améliorer quelque chose sur notre scène, qu’est-ce que ce serait ?
En France surtout, solidifier nos scènes locales. À Lyon, par exemple, je trouve que c’est difficile de percer le plafond de verre de la DJ locale si t’es pas soutenu·e par les plus grosses structures bien installées. J’ai envie de plus soutenir les petits lieux culturels, soutenir les artistes à fonder des labels et collectifs. J’aimerais vraiment trop pouvoir créer plus d’opportunités et de place pour ma niche musicale et inviter plus d’artistes (QUEER !!) à se lancer.
Quel est ton processus artistique lorsque tu produis de la musique ?
C’est très automatique. Je peux passer des semaines sans toucher à Ableton, et puis dès que j’ai une idée, je me mets dessus et je sors la prod et les paroles de manière très spontanée. Parfois, ça ne donne rien de vraiment concluant et j’abandonne très vite, mais je reprends aussi de temps en temps ces projets tombés à l’abandon pour les retaper avec une oreille fraîche.
En gros, j’ai pas vraiment de process, je veux que mes tracks soient vivantes et uniques ; si je les bossais toutes de la même manière, elles sonneraient différemment…
Qu’est-ce qui te séduit dans l’approche de la performance et de la scène ?
Que les heures passées derrière l’ordinateur, chez le disquaire ou en vadrouille à sélectionner et créer de la musique prennent enfin tout leur sens. C’est là où je peux être le plus moi-même et partager ça avec des personnes qui me ressemblent (ou pas). On pourrait penser que chez moi, c’est la performance qui fait tout, mais au final, c’est dans ces moments-là que je suis la plus authentique.