Technopol Mix 007 | ABS8LUTE

Journaliste, DJ, fondatrice du collectif Vénus Club et de l’agence de booking, la Venus Agency, et membre du conseil d’administration de Technopol, ABS8LUTE est sur tous les fronts.

Rédactrice pour plusieurs médias de musique tels que MixMag ou Technopol, cette activiste musicale a de nombreuses valeurs à défendre. La création de Vénus Club a pour ambition de défendre la place des femmes et femmes racisées dans la musique électronique. Aujourd’hui, elle gère les bookings d’une quinzaine de DJ femmes et plusieurs concepts d’événements vont être lancés. 
Diggeuse et passionnée de musique électronique, ABS8LUTE se qualifie par une selecta’ bien à elle. Sa spécialité ? Des sets techno trance aux sonorités rave, des bonnes basslines et un esprit groove qui galope. Bonne écoute !

Comment définirais tu ton style ? 

Mon style c’est la trance. J’aime la trance sous (presque) toutes ses formes : la trance nordique plutôt deep, la trance old school des années 90 à 95 qui est cosmique et parfois acid, la trance goa qui te fait vivre un voyage astral à chaque morceau, la trance aux accents rave pour envoyer un petit peu, la trance dance super festive, et la neo-trance, cette sorte de revival menée par des artistes comme Adam Pits, Roza Terenzi et D. Tiffany pour ne citer qu’eux et des labels comme Haws, Radiant Love, Planet Euphorique ou Mana Abundance. Et je joue à 143 bpm précisément car c’est la vitesse qui me permet de concilier tous ces styles qui se situent entre 138 et 155 bpm. C’est la vitesse idéale pour que “ça galope” tout en gardant le côté mélodique et festif de tous ces genres, c’est vraiment ça que je veux partager.

 

Comment as-tu découvert la techno ? Quelle a été ta réaction face à ce genre musical ?

Ma découverte de la techno a été très progressive. J’ai d’abord plongé dans l’univers des musiques électroniques à 16 ans avec la French Touch. Un jour j’ai switché de Skyrock à Fun Radio et donc du rap / hip hop à ce qu’on appelait l’électro. C’était aussi l’âge où on commençait à sortir et il y avait ce club à Bordeaux qui s’appelait le 4 Sans où venaient jouer bon nombre d’artistes comme Busy P, les Bloody Beetroots, Cassius, Eric Prydz etc… J’ai eu l’impression qu’un nouveau champ des possibles s’ouvrait à moi. Ensuite l’iBoat a ouvert et j’ai pu découvrir la techno à proprement parler. A chaque nouveau line-up je faisais mes recherches sur les artistes et j’écoutais des discographies entières. Puis j’ai déménagé à Paris en 2013 et j’ai eu la chance de faire un stage au Showcase Paris lorsqu’il était programmé par We Love Art et Savoir Faire. J’y passais mes week-ends donc j’ai pu voir et approcher de nombreux grands noms. 

Je me rappelle aussi la première fois où j’ai entendu un set trance old school en soirée. C’était à Paris à un Alter Paname sous un immense chapiteau. Je n’avais jamais rien entendu de tel ! Ca m’a tout de suite transportée..

Comment s’articule ton podcast ?

J’ai voulu faire évoluer ce  podcast d’un univers plus sombre vers un univers plus festif en débutant avec de l’hypertrance et de la trance deep pour transitionner vers de la goa. Ça me permet de capter l’attention de l’auditeur·trice dès le début grâce à la tension que diffusent les premiers morceaux ; et petit à petit je bascule vers des choses plus entraînantes et représentatives de l’ambiance que j’ai envie de proposer quand je joue en club ou en teuf. Je veux que ça soit un flux continu qui emporte tout le monde dans un tourbillon festif ! 

J’ai également profité de l’occasion pour caler un morceau de ma sœur du Vénus Club, Yenkov qui vient tout juste de sortir sur le label Matière, Mars Split Mission. Et j’ai voulu clore avec un morceau hard dance de DJ HEARTSTRING que j’adore et que je joue pas mal en ce moment, Can’t Stop The Night. Il est parfait en closing parce qu’il est un peu nostalgique avec des vocales qui donnent envie de chanter et qui restent dans la tête.

Que fais-tu en dehors de ton activité de DJ ?

La journée, j’ai un job de bureau qui me permet d’avoir un salaire fixe et donc de vivre ma passion sans trop m’inquiéter de mes finances : je suis Consultante en Stratégie Digitale. A côté de ça je m’investis énormément dans la scène électronique : avant j’écrivais des articles pour différents médias comme Mixmag France ; j’ai fondé le collectif Vénus Club pour défendre la place des femmes et femmes racisées dans la musique et récemment  j’ai monté mon agence de booking, la Venus Agency avec mon associée Pauline Jacquelin pour défendre les talents féminins.  Je gère donc les bookings d’une quinzaine de projets et nous sommes en train de lancer plusieurs concepts d’événements. Je suis également membre du Conseil d’Administration de Technopol.

J’aime avoir une vision assez holistique de la scène électronique et j’aime voir mon activité de DJ comme une composante de ma façon de vivre ma passion pour la musique. J’ai des valeurs et des positions à défendre donc je ne peux pas me contenter d’être DJ, je me dois aussi d’être activiste autant que je le peux. J’ai été activiste avant d’être DJ de toute façon.

 

Que penses-tu de la nouvelle scène “rave” qui apparaît aujourd’hui ? Si tu devais changer/améliorer quelque chose, ce serait quoi ? 

Très honnêtement, je trouve un peu dommage cette course à la vitesse et à qui “tabassera” le plus fort. Il en faut bien évidemment pour tous les goûts et j’aime bien quand ça cogne de temps en temps mais j’ai l’impression que toute la scène est aujourd’hui dominée par ce besoin de jouer vite avec des sonorités brutales, à tel point que certain·e·s artistes se sont retrouvé·e·s à jouer de plus en plus vite malgré eux. Pourtant le spectre de la techno est très large et peut aussi s’apprécier à partir de 120-125 BPM avec la techno mélodique ou la techno bien lourde et à l’ancienne de Paranoid London par exemple. C’est super que cette scène ultra rapide existe, je ne pourrai jamais dire le contraire, mais peut-être que ça serait un peu mieux si elle n’influait pas autant sur le reste de la scène.

Quels sont tes projets à venir ?

Justement, avec la Venus Agency on a eu envie de proposer un nouveau concept de soirées qui propose de la techno autrement, un peu moins rapide mais plus old school avec des basses bien lourdes. Donc on travaille sur deux dates, la première au Petit Bain début novembre et la seconde au Trabendo début décembre avec de très beaux guests et une scénographie travaillée.

Côté ABS8LUTE, l’idée c’est de continuer à tourner en me rapprochant de la scène trance et des soirées qui me ressemblent (soirées safe, queer, bienveillantes faites par des pro mais passionné·e·s pour des passionné·e·s). Et j’espère pouvoir proposer et faire la curation de mon propre concept d’événement en 2023… 

 

 

 

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