
PREMIERE | Drummy Kutz – Shahina’s Lullaby / La Mélodie Du Levant [Pata Negra Kitchen]
Il était une fois un monde mystique et cosmique, vivant au rythme de percussions tribales et de pulsations bass.
C’est ici que commence CYBER TALES vol.1, le tout premier EP de la DJ, productrice et illustratrice Drummy Kutz. Un projet 100 % marseillais qui paraîtra sur le label du collectif Pata Negra et qui marque l’entrée de l’artiste dans le monde de la production, avec une vision déjà très singulière.
Deux récits se déploient dans ce projet à la narration hybride, qui conjugue musique et bande dessinée. On y rencontre les personnages imaginaires d’Hylics et Shahina. Ensemble, ils incarnent un dialogue à travers deux tracks aux sonorités dub, tribe et bass percussive, dans une recherche de l’harmonie, à l’image de l’univers ésotérique de Drummy Kutz.
En exclu sur Technopol, découvrez la track « Shahina’s Lullaby / La Mélodie Du Levant », une invitation à l’introspection portée par des percussions hypnotiques, des basses puissantes et les vibrations profondes du didgeridoo.
Peux-tu nous parler de ton premier projet « CYBER TALES vol. 1 » ? Depuis quand prépares-tu cet EP ?
CyberTales Volume 1 est un conte sonore : « La Blague Miroir ». Elle contient deux chapitres : les deux tracks Hylics Rhythm et Shahina’s Lullaby. J’ai terminé la partie «son» de l’EP autour de février/mars. J’avais l’ambition d’inviter l’auditeur dans les mésaventures de mon monde. En vue des dimensions visuelles que je souhaitais inclure aux tracks, on a pris le temps, avec la team Pata Negra, de poser les bases du projet. Ils m’ont beaucoup aidée à ranger mon bazar créatif et à aller à l’essentiel.
Pourquoi avoir choisi ce nom ?
Le nom « CyberTales » est un nom récurrent que j’ai choisi pour quasiment tous mes prochains projets. Il vient de mon background de dev et de mes influences autour de la culture tech et sci-fi, que je mets en relation intuitivement avec la magie de l’ésotérisme et des mystères de la vie. J’essaie d’évoquer un mood à ma sauce, que j’appelle ‘mystic-core’ ou ‘abyss seeker’, qui est devenu un peu comme ma maison au fil des années. J’ai mis du temps à le construire, j’ai vraiment ‘guéri’ et grandi avec. On peut dire que ma mission est de diffuser quelques messages à travers des cyber-contes soniques.
Quel a été le déclic pour te lancer dans la production ?
J’ai pris l’habitude de dessiner à partir de musiques. Je crois que je suis synesthète parce que je ressens une personnalité aux tracks, une intention spécifique au son (un kick, un instrument, une note ou un timbre qui résonnent quelque-part dans mon corps). Je vois des fragments de scènes et tout un univers sur une track complète lorsque j’écoute tout le paysage sonore qui la compose. Je ressens des atmosphères bien précises à certains dj sets et à certaines idées. J’ai simplement ressenti le besoin d’inclure la dimension sonore à mes histoires et à mes dessins, pour que ma petite oasis mentale soit complète : pour qu’il éveille tous les sens. Il y a une anecdote qui m’a aussi guidée vers la production : j’ai retrouvé des photographies de mon enfance en déménageant, sur lesquelles je jouais des percussions n’importe où avec n’importe quoi. En les regardant, je me suis dit « mais qu’est ce que je fais de ma vie? », comme si je n’étais pas du tout en train de faire ce que j’avais à faire. Alors j’ai commencé à apprendre, puis je me suis vraiment investie dans la connexion au rythme prêtée à l’écoute des sonorités de l’instrument et à ce qu’il me révélait de ma pratique. Ça m’a donné envie de me former en sono-thérapie, et puis j’ai eu l’intuition de mettre en application mes recherches de manière non-verbale et plus sensorielle. J’ai trouvé le médium de la production musicale parfait. J’imagine mes tracks comme des mini capsules de guérison sonore, qui entrent en résonance et qui diffusent des messages à qui s’y ouvre.
Que voulais-tu raconter à travers ces deux titres ?
Je voulais qu’ils soient une introduction à mon univers. Une sorte de « bienvenue dans mes aventures synesthétiques chamaniques ». Ces deux premières tracks ne sont pas vraiment dj-friendly: je les ai pensées comme un « essai philosophique » en musique, qui chante « Salut, ici on embarque pour le Jeu de la vie, à travers les tribulations de l’invisible ».
Les deux tracks de ton EP sont accompagnées d’une BD que tu as toi-même illustrée. Qu’est-ce qui t’as amené à intégrer ce format visuel à ton projet musical ?
J’adore les bandes dessinées. J’en lis et j’en écris depuis petite. Je crois que j’aime l’intensité des émotions transmises avec la BD et les mangas. J’ai aussi du mal à dissocier/diviser les formes d’art les unes des autres. Selon moi, elles se questionnent puis se répondent toutes. Elles nous emmènent vers un certain chemin un jour, l’autre jour une seconde clé nous est révélée. L’art est en mouvement constant. J’aime entrecroiser les arts parce que c’est comme cela que je me sens nourrie et que j’ai envie d’en discuter. Discuter l’art c’est la plus jolie des manières d’enrichir nos prismes et notre singularité, non ?
Peux-tu nous dire un mot sur le titre « Shahina’s Lullaby / La Mélodie Du Levant », qui sort aujourd’hui sur Technopol ?
Shahina est la track jumelle d’Hylics. Entre les deux, c’est un dialogue vibratoire. Les deux tracks s’apparentent à deux avatars, qui ont chacune des personnalités polaires. Shahina traduit l’ombre et les pulsations : le poul profond de la Terre. Elle est une personnification de ce que l’on appelle « l’ancrage » ; d’où la base percussive assumée et le choix des basses fréquences dessinées par les samples du didgeridoo. Shahina, c’est aussi le nom d’un rythme à 10 temps généralement joué au Daf (tambour perse). J’en ai joué un sample au tambourin dans la track. C’est un rythme qui m’aide à m’ancrer et à m’apaiser lorsque mon cerveau bouillonne ou que mes émotions commencent à déborder. L’idée c’est que « Shahina’s Lullaby » est une musique que tu peux invoquer pour te ramener à la Terre, au moment présent. En français, on peut la traduire par « La Mélodie de Shahina », mais j’ai choisi « La Mélodie du Levant », car je l’ai composée de sorte à ce qu’elle aide à lever le brouillard mental, genre « bisous sale temps » (la météo étant l’humeur du jour).
Comment la collaboration est-elle née avec le label de Pata Negra pour la sortie de cet EP ?
J’avais commencé à poster mes sets et les visuels que je réalisais sur Soundcloud. Je créais ma bibliothèque, les archives de mon travail. Shryke et Sana de Moon Squad Gang (Club Coop, Bass Juice) m’ont trouvée sur la plate-forme et m’ont poussée à participer à un tremplin qu’organisait Pata Negra. Par la suite, la team m’a invitée à mixer pour leur soirée d’anniversaire au Chapiteau. Depuis, ils suivent mes propositions, toujours avec un bête d’enthousiasme, jusqu’à me proposer de sortir un EP sur leur label émergent : Pata Negra Kitchen. La team est giga bienveillante, énergique, porteuse de projets et passionnée. C’est un plaisir de partager cette étape avec eux. D’ailleurs, il est prévu que Wawrzy, l’une des membres de Pata Negra, propose un remix sur le projet. Nous nous rejoignons dans nos approches : elle est aussi une sorcière-conteuse d’histoires. Je voulais lui donner une voix sur l’EP. Pour moi, la musique c’est aussi une histoire de familles d’âmes à un certain moment : la magie sonore de Wawrzy, avec sa signature « Harmonic TranceBass » va vraiment compléter et ouvrir le projet. J’ai trop hâte !