Rencontre avec le nouveau comité label de Technopol

Défendre et représenter les musiques électroniques, tel est le leitmotiv de l’association. C’est dans cette suite logique, que plusieurs labels, adhérents de Technopol se sont réunis pour mener des discussions autour des problématiques liées à la production et à la diffusion des musiques électroniques.

Thomas Prunier, manager du label Pont Neuf Records et membre actif du comité a répondu à nos questions.

 

Un comité label a été lancé au sein de Technopol. Peux-tu nous en dire plus ?

Pendant le deuxième confinement, plusieurs labels, membres de Technopol se sont regroupés autour de plusieurs problématiques :

  • Le modèle de répartition des royalties par les plateformes de streaming jugé inéquitable 
  • La représentation encore trop timide des musiques électroniques sur les radios françaises vs les modèles anglo-saxons.

L’objectif du comité est d’organiser des rencontres et discussions avec des acteur·ice·s directement lié·e·s à ces problématiques. Nous avons à ce titre rencontré depuis le début de l’année des représentant·e·s chez Deezer, Radio France, FG Radio, Radio Campus, Radio Nova.

 

Qui s’occupe de ce pôle ?

Le comité est géré de manière collégiale entre ses différents membres et représentant·e·s de labels : Céline Meunier (Shouka Records), Elise Nicolas (Citizen Records), Maxime Le Disiez (Nadsat/AMS), Julien Minet (Boxxon Records), Simon Blondeau (Happiness Therapy) et Thomas Prunier (Pont Neuf Records).

 

Vous travaillez sur la représentation des musiques électroniques à la radio. Penses-tu que le passage au DAB+ aura un impact pour les musiques électroniques et pourquoi ?

Ce passage au DAB+ devrait permettre de multiplier les canaux de fréquence radio à plus d’acteur·ice·s, notamment les webradios spécialisées. Cela signifierait donc à priori plus de débouchés pour le relai des musiques électroniques sur un nombre d’antennes plus varié.

 

Faudrait-il réfléchir à des quotas de passages radio pour les artistes résidant en France ? 

Après des premiers échanges avec les directeurs musicaux de Radio France, FG et Nova, il semble très compliqué d’ajuster les critères de passages radios déjà en vigueur. Nous avions émis l’idée d’ouvrir ce quota aux artistes résidant en France – ce quota ne pouvant se faire sur des critères de nationalité, argument contraire au droit européen. Ce modèle avait déjà été proposé – et refusé – par le passé du fait de la facilité pour une entreprise (artiste ou label) de domicilier sa société en France sans y habiter réellement. Dès lors, notre mission a évolué pour réfléchir à des solutions éditoriales (programmation et émissions) à proposer en direct aux radios.

 

L’un des sujets concerne la répartition des royalties pour les labels et artistes en provenance du streaming. En quoi le système est-il inéquitable ? Est-ce que le modèle user centric semble plus adapté ?

Aujourd’hui la répartition des royalties est faite au pro-rata du nombre de streams total sur une plateforme. Mais elle est également négociée en fonction du volume de catalogue des labels. Ce qui confère une position dominante aux majors (60% des catalogues des majors représentant en moyenne 80% des streams d’une plateforme) qui disposent d’un deal préférentiel avec lesdites plateformes par rapport aux labels indépendants. Le modèle user centric – qui a été testé chez Deezer France l’an passé et plus récemment annoncé par SoundCloud – semble plus équitable, car les royalties seraient plus justement réparties aux artistes réellement écouté·e·s par un utilisateur. Le CNM a mené une première étude sur ce modèle, mais les conclusions semblent encore incomplètes à ce stade. Les majors entendues sur le sujet en février par le Parlement anglais ne semblent pas foncièrement contre l’instauration de ce nouveau modèle (officiellement).

 

Quel rôle les plateformes peuvent-elles jouer dans la représentation des musiques électroniques ?

Aujourd’hui la musique électronique représente 40% de l’export de la musique française (données Bureau Export) ce qui en fait le genre #1 de musique vendu à l’international. Et les plateformes l’ont bien compris puisque les offres éditoriales ont énormément évolué, le nombre de playlists dédiées à cette musique ayant explosé.

Depuis 2 ans, de nombreux recrutements ont eu lieu chez ces mêmes plateformes pour structurer cette offre éditoriale : Jacques Darosa-Mambaye et Xavier Roth (ex-Mellotron) au sein de l’équipe édito d’Apple, Christie Driver-Snell (ex-Rinse) chez Spotify…

 

Quelles sont les prochaines échéances du comité labels ?

Nous restons à l’écoute des évolutions du sujet autour du user centric et nous souhaitons rencontrer dans les prochains mois les représentant·e·s de FELIN (qui se sont engagés en faveur de ce modèle et l’ont modélisé) et de Merlin (partenaire de licence de droits pour les indépendants).

Concernant la représentation des musiques électroniques sur les médias dits généralistes, nous espérons pouvoir discuter de ces solutions avec des groupes dont la ligne éditoriale n’est, à ce jour, pas encore orientée vers les scènes électroniques (NRJ  ; Lagardère pour Virgin, Europe 1 et RFM ; Groupe M6 pour Fun Radio, RTL…). À terme, nous souhaitons également porter ces discussions vers d’autres typologies de médias (web, TV…)

 

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