
Technopol Mix 105 | Yasmin Regisford
DJ et productrice franco-américaine à l’énergie débordante, Yasmin Regisford s’impose comme l’une des artistes les plus prometteuses de la scène parisienne. Après une carrière dans la mode, elle fait ses débuts derrière les platines en 2023 et côtoie rapidement les clubs iconiques de la capitale tels que le Glazart, Kilomètre25 ou encore le Rex Club. Elle s’affirme également en tant que productrice avec un premier EP, Chroma, sorti en mars dernier. Portée par une intensité joyeuse et une spontanéité revendiquée, elle fait vibrer son public à travers des sets puissants entre trance, techno, rave et groove. Pour ce 105ème Technopol Mix, Yasmin nous embarque dans un voyage libre et instinctif, à l’image de son univers sonore puissant, dynamique et sans frontières.
Peux-tu nous parler de tes premières rencontres avec la musique, et de la façon dont la musique électronique s’y est immiscée ?
Mes premières rencontres avec la musique ont eu lieu très tôt. Mon père biologique est lui aussi DJ, ce qui m’a permis d’être exposée très jeune à la musique électronique. Avant d’y porter un réel intérêt, j’ai grandi avec la pop music : les boys bands, Gwen Stefani, mais aussi des artistes comme Stevie Wonder, Robbie Williams ou encore U2. C’est vers l’âge de 15 ans que j’ai véritablement découvert la musique électronique en club, notamment au Respublica à Bordeaux, en écoutant des artistes comme Gonzi, Si Moon, Astrix, puis plus tard Daniel Avery, Octave One ou Ben Klock… À cette époque, je passais mes week-ends dehors, portée par cette énergie musicale nouvelle.
Quelle est l’histoire derrière ton nom d’artiste ?
C’est tout simplement mon prénom suivi de mon nom de famille. J’ai été tentée au début de choisir un alias, ne voulant pas forcément que mon projet soit directement associé à celui de mon père — par peur, peut-être, d’être perçue comme une « népo baby », je l’avoue. Et puis, il faut dire que je manquais cruellement d’inspiration ! Finalement, j’ai compris que ce nom fait partie intégrante de mon histoire, de mon héritage et de mes influences. Il était donc logique — et naturel — de le revendiquer fièrement.
Si tu devais changer ou améliorer quelque chose sur notre scène, qu’est-ce que ce serait ?
Honnêtement, ce serait l’importance croissante des réseaux sociaux dans la manière dont on définit un·e artiste. Aujourd’hui, on associe trop souvent la valeur d’un projet au nombre de followers, de likes ou de vues. Plus on est visible, plus on est considéré comme « bon », « influent » ou « important ». Je comprends que les temps changent, qu’on évolue avec les outils disponibles, mais ça reste quelque chose que j’ai du mal à accepter complètement.
Quand j’ai découvert la scène, c’était encore le tout début des réseaux sociaux. On allait sur Facebook pour consulter les événements, on repérait les noms qui revenaient souvent et, petit à petit, on comprenait qui étaient les gros artistes. Il me suffisait de taper un nom sur Google, d’écouter des sets sur YouTube ou SoundCloud, et voilà. Aujourd’hui, il faut courir après la visibilité. Les réseaux sont devenus une part entière du métier, parfois même au détriment de la musique.
C’est stressant. On se compare malgré nous à d’autres qui publient plus, qui exposent davantage, et on peut vite se sentir obligé·e de suivre ce rythme, quitte à s’éloigner de notre message initial. Bien sûr, il y a des aspects positifs : les réseaux permettent de créer de vraies communautés, de connecter directement avec les gens, et de porter notre musique plus loin. Mais ça reste, à mes yeux, une arme à double tranchant.
Pourrais-tu nous parler un peu du contexte dans lequel tu as créé ce podcast ? Y avait-il des émotions spécifiques que tu voulais transmettre ?
Eh bien, figurez-vous que c’est la première fois que je ne prépare pas un podcast à l’avance. D’habitude, que ce soit pour un podcast ou un livestream, je construis toujours mon set en amont. J’ai en tête une histoire, un voyage sonore que j’ai envie de raconter à un moment précis, avec une vraie intention derrière chaque morceau. Mais cette fois, c’était différent : je n’avais pas d’inspiration particulière, pas de message spécifique à transmettre. J’avais simplement envie de laisser parler mon instinct et de montrer l’éclectisme de mon univers. De la trance, du groove, de la techno, de l’acid… j’ai tout mélangé, en me laissant guider par la tonalité pendant que j’enregistrais. C’était vraiment une promenade musicale spontanée, un set libre et organique. Et franchement, je suis assez fière de ce podcast. Il reflète bien toutes mes influences, sans filtre, et me ressemble complètement.
Dans tes productions et tes sets, qu’essayes-tu de transmettre à ton public ?
J’essaie vraiment de transmettre une énergie. Un truc puissant, féminin… avec des paillettes ! C’est ce que je dis tout le temps. Quand je joue, je danse, je souris, parce que la musique que je passe me fait du bien, elle me stimule. Et c’est exactement ça que j’ai envie de partager. Quand je produis, je pense à ce qui me fait sourire. Je le pousse, je l’exagère même parfois, en espérant que ça fasse sourire d’autres personnes à leur tour. C’est pour ça que je fais ce métier : pour l’amour du moment, pour le lâcher-prise, pour la musique en elle-même évidemment, mais surtout pour ce qu’elle nous procure.
Quels sont tes projets à venir ?
Pour la suite, je suis en plein dans une phase de production intense. J’ai pas mal de morceaux unreleased, un nouvel EP on the way, ainsi que quelques VA. Je ne peux pas encore trop en dire, mais j’ai tellement hâte de partager tout ça ! Chaque track a vraiment sa propre identité, j’ai réussi à raconter une histoire différente à chaque fois — et j’en suis super fière. Stay tuned, ça arrive très bientôt !