Technopol Mix 065 | Claude Murder

Membre fondateur et directeur artistique de Casual Gabberz, Claude Murder est l’underdog du crew parisien qui a changé la face du hardcore.
Capable de faire osciller ses sets entre hard musique sombre et gabber classique tout en restant fidèle au spectre du hardcore, il les façonne à l’image de ses créations visuelles,
en ajoutant des couches, des boucles, en saturant l’espace pour préparer le public à l’apocalypse sous une avalanche de kicks.

 

Peux-tu nous parler de tes premières rencontres avec la musique, et de la façon dont la musique électronique s’y est immiscée ?

À 10/11 ans je faisais des mix pour mes soeurs en cassette avec des tracks que j’entendais à la radio, du coup il manquait le début de chaque morceau le temps d’arriver en courant pour appuyer sur le bouton rec ! À l’époque la musique qui passait c’était genre la Lambada, Scatman, Gala.

Mais la musique électronique est rentrée dans mon quotidien avec les jeux-videos genre Beatmania, Ridge Race, Street of Rage 2, Wipeout… Tu réécoutes l’OST de Street of Rage aujourd’hui y’a vraiment de la belle musique.

Hasard de la vie, un jour en rentrant du collège je trouve un CD par terre, c’était un mix de Ken Ishii qui s’appelle Fast Forward & Rewind et j’ai commencé à l’écouter dans mon discman, il était super rayé mais ça me gênait pas. Et j’ai découvert des années apres que Ken Ishii avait participé à l’OST de Rez un shoot’em up incroyable!

 

Quelles sont tes influences musicales ?

Mes influences premières c’est mes copains·ines, les personnes avec qui je vais passer le plus de temps : Von Bikrav, Paul Seul ou Krampf par exemple. Aussi, j’ai commencé les résidences avec le label Explity Music et je me rends bien compte que quand t’es enfermé 1 semaine avec d’autres producteurices comme KimberlaID, Karlfroy ou Talita Otovic, leurs retours sur tes prod ou même leur vibes vont énormément m’influencer.

Après y’a des artistes qui sont pas de ma génération qui m’inspirent dans leur approche radicale et expérimentale genre Laurent Ho, Micropoint…

 

Outre la musique, as-tu d’autres intérêts et passions ? Comment te trouves-tu et te déconnectes-tu ?

À l’origine je viens du graphisme et de la photographie donc j’ai la chance de pouvoir faire d’autres trucs que la musique même si je suis toujours un peu connecté avec. Je fais de la D.A. pour TDJ, Explity Music, du merch pour Menace Progressive. J’ai aussi une grande passion pour le livre donc j’ai crée ma maison d’édition qui s’appelle EPG. On a fait des livres avec Vickie Cherie, Oklou. Je crois pas que ça me déconnecte vraiment au final XD

 

Quels sont tes projets à venir ?

J’avance sur ma musique, réussir à faire des morceaux pour danser. Je participe à la VA de 20CONTRE1 qui sortira dans les prochains mois. Je vais sortir 2 livres avec des artistes. Continuer à tourner comme DJ et sur du long terme réussir à connecter mon plaisir à faire de la musique et faire des images sur scène dans un délire un peu Art total.

 

Comment imagines-tu le futur de la scène ?

Apres sa « core-isation » des 10 dernières années où on a vu les têtes d’affiche finir leur set avec du hardcore puis la vibe Y2K qui va s’essouffler, j’pense que c’est le bon moment pour relancer la tech house. Aussi on va voir les états-uniens appeler tout et n’importe quoi Hardstyle ça va être super la fin des années 20. Sur un spectre plus politique, je vois des organisations comme AAA (Artiste Against Apartheid) qui gagnent en visibilité donc c’est bien, avoir des artistes leaders qui s’allie pour donner à voir des line-up paritaires FLINTA* et que leur prise de position ne soit pas aussi éphémère qu’une story.

 

Tu as récemment sorti un titre sur Casual Gabberz Records. Comment cette track a-t-elle vu le jour et que signifie-t-elle pour toi ?

Elle s’appelle « Big fan of the old skool », j’ai samplé les supers nana et j’ai eu cette idée en écoutant Operation: Doomsday de MF Doom qui a beaucoup samplé de dessins animés. Elle représente énormément pour moi puisqu’on a fermé le label après la sortie de cette compilation. La voix dit qu’elle est fan de old school donc c’était un peu un clin d’oeil à la vielle école qui samplait du dessin animé avec un mini break boombap et à la oldschool hardcore par la même occasion. Quand j’entend de jeunes DJs me parler de 3L de Vodka qu’on a sorti y’a 5ans maintenant iels me disent que ça représente la old school, je trouve ça drôle !

 

Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?

J’me suis retrouvé dans une situation un peu bizarre puisque je jouais pour le première fois « L’Amour » un track de Boe Strummer, il m’a vraiment remplie de mélancolie et j’avais envie de laisser tourner la loop de piano pendant 1h mais ça fait pas un mix agréable à écouter… enfin si mais pas super varié. Du coup je me suis imaginé ce que Boe pourrait trouver cool de mixer avec son morceau et j’ai trouvé que le Hardcore Junglism allait bien avec. Pour la suite j’ai laissé aller le plaisir de jouer et le résultat est bien dur et sombre avec des petits espaces de lumière. Faut trouver des morceaux fun aussi qui matchent bien avec des morceaux de rap comme le Gucci ou le Lil Scrappy. Voila j’espère que vous allez prendre autant de plaisir à l’écoute que j’en ai eu en mixant.

 

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