
Technopol Mix 107 | Valerick
Ce 107ème Technopol Mix marque le premier chapitre du projet solo de Valerick. DJ originaire de Majorque, installé à Paris et membre du duo Balagan, il navigue entre techno precussive, groove et bass UK, sans règles ni barrières, au profit d’une énergie et puissance incisive pensée pour le coeur de la nuit. Après plus de 10 ans à explorer les scènes hardcore, trance ou encore hard techno, Valerick entame aujourd’hui une nouvelle étape plus introspective, mais toujours portée par la même intensité. Avec ce set, il nous propose une sélection à son image : une invitation au lâcher prise à travers une explosion de sensations et d’émotions, sans compromis. Rencontre.
Peux-tu nous parler de tes premières rencontres avec la musique, et de la façon dont la musique électronique s’y est immiscée ?
La musique électronique a toujours fait partie du décor chez moi. Entre les CD de Matrix, Blade et autres qui traînaient à la maison pour les spectacles de magie de mes parents, ou le fait d’avoir grandi en face d’une salle de concert/boîte de nuit, elle m’a toujours suivi. C’est vers 15 ans que tout bascule : une pote me fait écouter Tarantula de Pendulum au skatepark, et là, révélation. À partir de ce moment, je parcours Majorque avec mes potes, entre raves Hardtek dans les champs, grosses soirées Hip Hop et Drum and Bass dans les zones touristiques, et nuits Hard électro à Palma. J’ai toujours été attiré par les sons rapides et percutants. En 2012, j’arrive à Paris avec mon premier contrôleur. J’ai du mal avec cette ville : trop grande, trop grise, trop de monde… mais une scène clubbing et rave bouillonnante. Je fonce. Depuis, mix et prod font partie de mon quotidien. J’ai monté des projets, fondé des collectifs, organisé des soirées et bossé la curation musicale. Aujourd’hui, je suis moitié du duo Balagan avec mon pote Tommy, curateur chez Beatport, ingé son au club Essaim et dans le spectacle vivant.
Es-tu familier avec d’autres genres de musique ?
En plus de 15 ans, j’ai exploré et mixé une tonne de styles comme si chacun allait être le son de ma vie. Je les ai défendus à fond, avec passion, jusqu’à ce que la flamme s’éteigne peu à peu… Comme dans une histoire d’amour : parfois, le style tourne en rond, ou son évolution ne colle plus vraiment avec ce que je ressens ou cherche artistiquement. Et puis un jour, je tombe sur un·e artiste dans un autre genre, ça rallume direct la mèche — et c’est reparti comme au premier jour. En vrai, ça s’arrête jamais, et c’est ça qui est magique. Pour être plus concret : j’ai commencé avec la drum and bass, le dubstep, le grime et les débuts de la trap. Mon premier projet solo, déjà sous le nom Valerick, était orienté Hardcore industriel, avec des touches de Schranz et de Crossbreed (mix de Hardcore et DnB). Avec FEMUR, on a plongé dans la Techno, l’Indus, l’EBM — tout ce qui pouvait cogner en warehouse entre 2016 et 2018. Aujourd’hui, avec Tommy dans notre duo Balagan, on navigue entre Hard Techno, Bounce, Trance et Hardcore. Ah, et j’ai même tenté le DJing généraliste pour mariages et soirées privées… Spoiler : ce n’était pas pour moi. Un grand respect à celles et ceux qui maîtrisent cette facette du métier — c’est un vrai job à part entière.
Pourrais-tu nous parler un peu du contexte dans lequel tu as créé ce podcast ? Y avait-il des émotions spécifiques que tu voulais transmettre ?
Ce podcast marque le début de mon projet solo, en parallèle de Balagan. Après 7 ans en duo, j’ai ressenti le besoin profond de me retrouver artistiquement, de reprendre la parole en solo. Mon univers a évolué, mes influences aussi. J’ai envie d’explorer, de repousser les limites, de libérer tout ce que j’ai en tête (et dans les oreilles), et surtout, de le partager avec un nouveau public. J’ai pensé ce mix comme un moment suspendu, comme le pic d’une soirée où tout explose : on transpire, on danse, on se regarde avec des grimaces de kiff, on lâche tout. C’est ça que je veux transmettre.
Que penses-tu de la nouvelle scène électronique qui apparaît aujourd’hui ?
La scène actuelle est en ébullition. Jamais elle n’a été aussi riche : des événements à foison, des artistes de tout horizon qui n’hésitent plus à mélanger les styles, des expériences sonores et visuelles toujours plus poussées, et une vraie attention portée à l’écologie et à l’inclusivité, que ce soit dans l’orga ou dans la construction des line-ups, du moins à niveau local. Évidemment, la sur-commercialisation des musiques électroniques amène son lot de dérives : perte de sens, éthique bancale, oubli des valeurs fondatrices… Mais la scène évolue comme le monde autour : plus vite, plus grand, plus intense. Le positif là-dedans, c’est qu’un vrai écosystème se professionnalise — des artistes aux orgas, en passant par les bookers, managers et communicant·e·s. Au milieu de tout ça, c’est crucial de se rappeler d’où vient cette culture, qui l’a portée à bout de bras, et pourquoi on l’aime tant. Il faut continuer à transmettre ses valeurs : respect, bienveillance, liberté. Parce qu’au fond, c’est ça qui fait la force de nos soirées.
Qu’est ce qui te séduit dans l’approche de la performance et de la scène ?
Ce que j’aime par-dessus tout, c’est l’échange avec le public. Créer une ambiance, installer une vibe, puis sentir la salle basculer, comme si tout le monde entrait en résonance. Pendant un instant, plus rien d’autre n’existe : juste nous, le son, et cette basse qu’on supplie intérieurement de ne jamais s’arrêter. C’est ce moment suspendu, cette communion pure, que je recherche à chaque set.
Quels sont tes projets à venir ?
Lancer un nouveau projet, c’est un peu comme construire une maison : t’as les fondations, mais tout reste à bâtir. En ce moment, je suis en pleine exploration, à la recherche de mon son. Que ce soit en mix ou en prod, je teste, je creuse, je déconstruis… sans me fixer de barrières. J’écoute beaucoup, je pioche dans plein d’univers, je laisse les influences se croiser librement. L’idée, c’est pas juste de coller à une vibe ou à un genre, mais de trouver une couleur sonore qui me ressemble vraiment. J’ai hâte de balancer mes propres tracks dans mes sets, de sentir ce que ça donne en live, avec une vraie énergie de public. Mais je sais que ça prend du temps. Il faut bosser, affiner, se faire remarquer par les orgas, les labels, les collectifs… C’est un chemin, une aventure, et c’est justement ça qui me motive. Rien n’est donné, tout est à construire — et c’est là que la magie opère.