Vibrations, la fête inspire l’action : la nouvelle programmation de Nuits sonores Lab

La route vers un bon événement n’est jamais très loin mais pas toujours facile à trouver. Heureusement “The place to be” vous indique le chemin. Des présentations au concept, en passant par la programmation et ce jusqu’au public : tout pour savoir où vous mettez les pieds. Bienvenue dans notre focus événement.

Du 16 au 21 mai, Arty Farty célèbre les 20 ans de Nuits sonores : rassemblement mythique lyonnais qui fait rayonner et vibrer les scènes musicales indépendantes, électroniques, locales et internationales depuis deux décennies. Engagée à l’indépendance et l’émergence artistique, l’association Arty Farty renouvelle pour une deuxième édition le format Nuits sonores Lab : un laboratoire artistique pour questionner le présent et le futur des cultures indépendantes, le rôle que les artistes et nos scènes musicales ont à jouer dans les mutations de nos sociétés. Une programmation qui mettra en lumière des artistes du festival, des webradios européennes, le rôle du journalisme indépendant dans les musiques électroniques, des patrimoines musicaux régionaux, la scène ukrainienne… Nuits sonores Lab : 3 jours pour échanger, apprendre et vibrer !
Nous avons pu échanger avec Juliette Josse et Laurent Bigarella, programmateur·rice·s de la plateforme European Lab et de Nuits sonores Lab qui nous ont éclairés sur leurs choix de thématiques abordées, de speakers et d’artistes.
Festivalièr·e·s, professionnel·le·s, étudiant·e·s, artistes ou curieux·euses sont les bienvenu·e·s à HEAT, Hôtel71 et H7 pour profiter de l’édition de Nuits sonores Lab “Vibrations : la fête inspire l’action” du 17 mai au 19 mai, pendant la journée, dans le quartier de Lyon Confluence. Cette programmation est gratuite et ouverte à tou·te·s.

 

Quelle est l’intention de Nuits sonores Lab cette année ?

Juliette : Nous sommes parti·e·s du thème “Vibrations, la fête inspire l’action” en se posant cette question : Comment en 20 ans de Nuits sonores, les scènes indépendantes ont permis de faire bouger les choses sur divers sujets : l’inclusion dans la musique, la réconciliation entre l’Ouest et l’Est de l’Europe, vers une industrie plus consciente et verte ? Nous voulions continuer à ouvrir un espace de débat au sein du festival.

Laurent : Les vibrations font échos à toutes les secousses que traversent nos sociétés et notamment le continent européen avec le retour de la guerre à l’Est. Comment ces vibrations traversent les scènes indépendantes et comment les artistes et les acteur·rice·s culturel·le·s répondent à ces défis ? Nous accordons par exemple une grande place aux artistes et structures culturelles ukrainiennes lors de cette nouvelle édition de Nuits sonores Lab.

Juliette : Le programme est sur trois jours et gratuit. Il s’agira d’un espace d’échange hybride entre lieu de débat et de fête. Toutes les journées seront clôturées par des DJ sets d’artistes de la scène locale.

 

Quels sont les types de formats mis en avant lors de Nuits sonores Lab ?

Laurent : Nous proposons des workshops le matin, des conférences-écoute et interviews d’artistes sur notre plateau radio et des tables-rondes l’après-midi. Il y aura également des workshops “cas pratiques”. Je pense notamment à celui sur la technologie “Body Heat” lors duquel on va comprendre comment un club peut utiliser la chaleur des corps pour alimenter en énergie son lieu. Les professionnel·le·s travaillant dans des salles de concert ou des clubs pourront rencontrer David Townsnend (TownRock Energy, Glasgow) pour en apprendre plus sur cette technologie.

Juliette : Les débats et discussions commencent à partir de 15h et se poursuivent avec des formats hybrides qui mêlent performances et discussions. On enchaîne ensuite avec des DJ sets gratuits en open air à 18h00 sur le site de HEAT. Parallèlement à tout cela, nous avons mis en place un plateau radio, “Radio Lab”, dans lequel seront mises à l’honneur quatre webradios : 1 lyonnaise et 3 européennes.

Laurent : Historiquement, avec European Lab, nous avons beaucoup travaillé avec ce type de médias. Ce sont des projets intéressants qui créent des ponts entre plusieurs villes européennes et qui sont très connectés avec leurs scènes locales. Nous avons ainsi le plaisir d’accueillir 20ft radio (Kyiv), Refuge Worldwide (Berlin), Mutant Radio (Tbilissi) et Radio Béguin (Lyon). Cela nous permet d’avoir des partenaires pour penser ensemble notre programmation, d’identifier des problématiques propres à chaque territoire et d’avoir une diffusion plus globale de nos échanges.

 

Pouvez-vous parler de Radio Béguin, la webradio locale ?

Laurent : C’est une radio locale qui mêle musique et formats talks, basée sur une communauté locale, notamment de nombreux·euses résident·e·s de la scène lyonnaise qui ont trouvé une plateforme via ce média. Le nom de la radio vient de la rue du Béguin, à Lyon dans le 7ème arrondissement.

 

Et les autres acteurs·rice·s locaux·ales ? Quelles sont leurs places dans les conférences, workshops conf-écoute?

Laurent : La dimension locale infuse le projet à différents endroits. Il y a Radio Béguin qui est un partenaire participant à la programmation de discussions sur le plateau radio, mais il y a également des artistes locaux·ales qui sont invité·e·s à Nuits sonores Lab comme Stakhan (Tunnel Vision Records) qui va mixer à Nuits sonores (Nuit 3 – H7) et qui animera une conférence-écoute le jeudi sur Radio Lab de 20ft Radio pour mettre en avant la scène lyonnaise. Lors de ces conférences-écoute, les artistes partagent leurs influences et univers artistiques. C’est important pour nous de faire rayonner la scène lyonnaise à l’étranger grâce à ce genre de formats. Il y aura également la présence de Pedro Berto du label Furie pour un échange avec Radio Béguin.

Juliette : Nous proposons aussi un format hybride avec le label lyonnais et tunisien Shouka, qui abordera le sujet de la revalorisation des patrimoines sonores régionaux au sein des cultures électroniques. En fin de talk, Widad Mjma – une chanteuse marocaine qui reprend les chants traditionnels de l’Aïta- chantera quelques chansons . Lors de ces formats, l’idée est de faire le parallèle entre la valorisation des patrimoines régionaux locaux, par exemple des Alpes, et ceux d’autres régions du monde, pour une production musicale contemporaine.

Laurent : Il y a aura également Garance Amieux du Périscope : un lieu de « musiques innovantes » à Lyon très engagé sur les questions écologiques. Garance participe à une discussion pour parler du rôle des lieux dans la transition écologique, pour parler notamment de projets européens que le Périscope mène sur ces questions.

Juliette : Il faut aussi mentionner Mathilda Saccoccio aka Bonsoir Mathilda, actrice culturelle lyonnaise et co-fondatrice de Boomrang. Boomrang est un lieu en pleine expansion qui fédère les nouvelles cultures alternatives de la jeunesse, notamment les scènes rap et électroniques, drag aussi.

Laurent : Mathilda intervient justement sur un panel dédié à la scène locale. Elle sera accompagnée de Léa Courcelle de la péniche Loupika, une péniche sur les bords de Saône faisant la promotion des musiques électroniques locales.

 

Vous parliez du label Shouka qui fait une soirée au H7 le samedi soir. Comment faites-vous le pont entre la programmation musicale et la programmation d’European Lab ?

Juliette : C’est un travail que nous menons depuis l’année dernière, où nous travaillons en étroite collaboration entre la Direction artistique de Nuits sonores et l’équipe de programmation d’European Lab. Nous sommes dans des discussions permanentes entre les deux pôles pour imaginer un festival cohérent dans sa globalité, à la fois entre les programmes musicaux et discussions.

Laurent : Parallèlement, on se rend compte que les artistes veulent davantage prendre position face aux nombreux défis de l’époque. Nous essayons donc d’identifier des sujets sur lesquels ils ou elles sont susceptibles d’intervenir et complétons programmation en invitant des chercheur·euses, activistes et journalistes.

Juliette : Par exemple, nous invitons Nastia à participer à différents formats car elle a beaucoup de choses à dire sur la scène ukrainienne. Voici trois exemples de formats que nous travaillons sur l’Ukraine : un RA Exchange avec Nastia (un format interview intimiste d’une heure) réalisé en partenariat avec Resident Advisor. Ensuite , il y a la table-ronde « Un autre regard sur la scène culturelle ukrainienne » qui est co-programmée avec Nastia. L’idée est de mettre en avant des acteur·rice·s culturel·le·s, des artistes, comme notamment les organisateur·rice·s d’un festival à l’initiative d’une des plus grosses raves en Ukraine : Laboratorium. On pourra également écouter une conférence-écoute de l’artiste ukrainienne Katarina Gryvul sur le plateau de 20ft Radio, qui jouera la veille sur le festival (Day 1 – Le Sucre). Cette artiste de musiques expérimentales est signée sur le label Standard Deviation : le label affilié au club de Kyiv K41 qui continue à organiser des événements là-bas. On mettra ce label à l’honneur puisqu’on leur donne une Carte Blanche : la programmation sortira prochainement !

Laurent : Il nous semble important d’organiser ces temps pour parler de l’Ukraine, pour continuer de sensibiliser sur cette question. Cela nous renvoie à nos rôles de programmateur·rice·s : comment donner de l’écho à des luttes, en l’occurrence à une guerre, et montrer l’engagement des acteur·rice·s de la scène culturelle ukrainienne dans la période actuelle ?

 

Quels types de publics visez-vous pour ces rendez-vous ? Le public est-il aussi international que les intervenant·e·s ?

Juliette : Le public est assez divers et international. C’est à la fois le confluent de rencontre pour professionnel·le·s de la culture, de la musique et des festivals (français·e·s ou internationales·aux) que des étudiant·e·s et des festivalier·e·s voulant en apprendre plus sur certain·e·s artistes.

Laurent : L’idée est de proposer un parcours festivalier permettant aux personnes qui viennent au festival de vivre une expérience complète. C’est pour cette raison que nous renforçons les liens avec la programmation musicale. Nous faisons en sorte que les festivalier·e·s puissent assister aux conférences dans la journée puis partir aux Days ou aux nuits dans la foulée.

Juliette : Nuits sonores Lab se passe à HEAT, Hôtel71 et H7, dans le quartier de Confluence : c’est un espace convivial avec des foodtrucks, et une scène de DJ set en open air, gratuite. Comme les lieux ont été inversés cette année (Days à la Sucrière), faire le chemin de HEAT à à La Sucrière est super simple.

 

Pouvez-vous nous donner chacun·e trois exemples de conférences ou masterclasses auxquelles il faudrait absolument se rendre cette année ?

Juliette : Nous avons une conférence sur l’impact et le futur du journalisme indépendant. Quel est son rôle dans les musiques électroniques ? Ces esthétiques musicales ont toujours été relayées par des médias indépendants. Nous allons accueillir Joel Penney, un sociologue des médias américains ; Tanya Voytko, une journaliste et activiste ukrainienne et fondatrice du média Tight ; Shawn Reynaldo, co-fondateur de la newsletter First Floor ; Rachel Grace Almeida, rédactrice en cheffe du média anglais Crack Magazine, et enfin Kwame Safo qui a dirigé l’édition Mix Mag – Black Out.

Laurent : Il y aura également un panel programmé par le média portugais Canal 180 : “Récits post-coloniaux : les nouvelles voix de l’indépendance culturelle”. Il s’agira d’interroger la façon dont les acteur·rice·s culturelles indépendantes s’emparent des questions post-coloniales pour construire des scènes plus vertueuses. Avec la guerre en Ukraine, ce sujet est d’autant plus d’actualité, avec de nombreux·euses artistes ukrainien·ne·s très engagé·e·s sur la lutte décoloniale, avec un désir d’émancipation des cultures impériales comme celle de la Russie. On accueillera pour en parler l’ukrainienne Mariana Berezovska qui est la fondatrice de Borshch Magazine, Jesualdo Lopes de The Blacker The Berry Project, Joana Seguro qui dirige le média portugais Canal180 et Christine Kakaire, journaliste freelance basée en Allemagne.

 

Et dans la programmation musicale ?

Laurent : Katarina Gryvul, artiste ukrainienne signée notamment Standard Deviation, mais aussi Maquis Son Sistèm, issu du collectif toulousain Folklore et qui jouera le même jour que Channel One.

Juliette : Pour ma part, Catarina Barbieri; Jana Woodstock; et surtout l’artiste Malaisien Tsuzing qui fait de la bass music expérimentale et club contemporaine, ça va vraiment être cool. On est d’ailleurs trop content·e·s qu’il ait accepté de participer à une conférence-écoute. Il y aussi la lyonnaise Maelita !
Vous l’aurez compris à travers cette interview, les dilemmes n’interviendront pas seulement entre deux scènes. Rendez-vous à partir du 17 mai à HEAT, Hôtel71 et H7 pour découvrir les artistes de Nuits sonores autrement et rencontrer de nombreuses personnes inspirantes !

 

Toutes les informations sur le festival sont à retrouver ici.

 

Article rédigé par Constance Bidaut

 


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