Rencontre avec Belaria à l’occasion de son prochain passage au Macki Music Festival

DJ et productrice, Belaria est une artiste parisienne qui aime mêler les influences avec une prédilection pour les sonorités italo-disco, EBM et new-wave. Membre du label Friendsome Records, elle est également résidente au Badaboum et à Rinse France, au sein desquels elle exprime toute la pluralité de sa musique.

Nous avons échangé avec elle quelques semaines avant le Macki Music Festival, pour parler de ses influences, de sa vision de la musique et de ses projets futurs.

 

Comment décrirais-tu ton évolution musicale ces dernières années ? Qu’est ce qui a changé depuis ton titre “Morning Disco, Tonic Bongo” avec lequel tu as gagné le concours Producer Days en 2021 ?

Je pense être beaucoup plus mature dans ma musique, aussi bien dans les sets que dans les productions. J’aime bien mélanger les styles, je n’ai pas peur de tester des choses, de sortir de ce à quoi on m’identifie. Je trouve un peu compliqué le fait d’être assimilée à un style, parce qu’après tu as l’impression que tu dois tout le temps jouer la même chose, et que si tu joues différemment, le public va être déçu. J’ai tout de suite voulu décloisonner cela et faire des choses variées. Après je me suis beaucoup cherchée ces dernières années : comprendre la manière dont je voulais travailler, produire… Et avec Morning Disco j’avais vraiment une casquette très innocente. J’avais une toute petite maîtrise d’Ableton, ce qui m’a permis de produire ce titre, qui ne correspond pas vraiment à ce que je joue aujourd’hui, ni à ce que je jouais à l’époque d’ailleurs ! Mais c’est le travail d’un·e artiste que de chercher, d’expérimenter et de découvrir ce qui te plaît vraiment. Ce qui a changé depuis ce titre, c’est aussi ma confiance en moi dans ce milieu : je suis arrivée soudainement sur cette scène avec peu d’expérience : j’avais 21 ans, et ça a été un grand chamboulement, surtout pour quelqu’un comme moi qui suis un peu timide. Cela m’a vraiment aidé à prendre confiance, aussi bien personnellement que dans mon travail.

 

On a tendance à mettre des étiquettes sur les djs et producteur·rices en les assignant à un seul genre musical. Comment dépasser cela en tant qu’artiste ?

Il faut justement oser surprendre, ne pas avoir peur de la critique. C’est ennuyeux de faire toujours la même chose et c’est au contraire très enrichissant d’aller se nourrir d’autres éléments auxquels on n’est pas habitué·e ou associé·e en termes de genre musical. Cela peut passer par des collaborations avec des artistes qui ont des styles différents. Par exemple, il y a Boys Noize, qui travaille avec de nombreux artistes, et qui garde pourtant sa patte. Les collaborations permettent d’étendre ses possibilités et je pense que cela nourrit artistiquement.

 

Comment as-tu été amenée à faire de la musique? A quel moment as tu décidé d’en faire ton métier ?

Je n’ai pas de background musical, je n’ai jamais joué d’instruments. La rencontre avec la musique électronique s’est faite lorsque j’avais 15 ans au Big Festival à Biarritz. Je ne connaissais pas du tout la musique électronique à ce moment-là et je suis tombée vraiment amoureuse de toute la vibe que cela pouvait représenter. En plus, comme je ne connaissais pas les artistes, j’avais une oreille un peu nouvelle, une écoute beaucoup plus ouverte. Quand je suis rentrée du festival, j’étais très enthousiaste, j’ai dit à mes parents que je voulais mixer, avoir des platines ! Finalement, j’ai dû attendre mes 18 ans pour en avoir et c’est comme ça que je m’y suis mise. Entre temps, je suis beaucoup sortie à Paris, c’était la grande époque des warehouses, ou même dans des clubs (le Rex, le Garage, la Machine…) C’est en rencontrant Ruben de Friendsome, qui est mon manager encore aujourd’hui, que j’ai élargi mon spectre. Il avait une volonté de direction artistique beaucoup plus house disco, dans laquelle je me suis aventurée et c’est aussi ce qui m’a fait comprendre ce que j’aimais ou pas dans la musique.

J’ai fait des études pendant cinq ans, j’ai un master en Stratégie Digitale et Innovation, donc j’ai quand même fini mes études (dont je n’étais pas fan !) Mais c’était le deal avec mes parents, cela les rassurait pour l’avenir, et me rassurait aussi, certainement. Les études m’ont quand même apporté un bagage, et il y a des choses qui me servent encore aujourd’hui. À la fin de mon cursus les planètes se sont en quelque sorte alignées : Morning Disco, la sortie de mon EP, le fait que je rentre dans une agence…

 

Ton premier EP à bientôt 2 ans. Quels sont tes projets futurs ?

J’ai récemment sorti une track sur le various artist de Rebeka Warrior, qui avait curate une compil avec 15 artistes et dont je suis très contente. Il y a aussi un single sur une compil Ritmo Fatale, un autre sur RAW, et je sors une track à la rentrée sur le label Camion Bazar !
Autrement je travaille sur un EP qui devrait sortir en novembre, ainsi que sur la création de mon label…
J’ai eu un peu de mal à me remettre sur la création d’un EP suite au premier. Je pense que j’avais envie de développer mes compétences sur Ableton, avant de sortir de nouveau des choses dont j’étais vraiment fière. Là, ce sont des tracks abouties, caractérielles, où ma patte est plus affirmée. C’est dans la continuité des mes anciens projets, avec plus de maturité.

 

La musique et la fête riment-elles pour toi avec engagement ?

Je pense que la fête et la musique riment effectivement avec engagement, on a pu le constater plusieurs fois dans le passé, avec des fêtes militantes. De nombreux festivals, comme le Macki ou We Love Green allient musique et écologie, ce qui permet de sensibiliser le public aux enjeux environnementaux tout en offrant une programmation musicalement variée. Il y a beaucoup de collectifs et d’initiatives locales qui permettent de créer un sentiment de communauté et de solidarité… Ce sont des petits pas qui permettent d’avoir une scène plus sensibilisée.
Je pense que du travail a été fait. De nombreuses personnes ont tendance à dire que les line-up ne sont pas assez inclusifs mais cela à beaucoup évolué ces dernières années, et c’est voué à continuer dans cette voie, justement parce que les acteur·rices des musiques électroniques et le public sont de plus en plus sensibles d’une année sur l’autre. Ce sont des petits pas qui permettent d’avoir une scène plus vertueuse. .

 

Élabores-tu tes sets d’une manière particulière quand il s’agit d’un festival ? Comment l’ambiance s’y différencie de celle d’un club ?

Cela dépend, il y a plusieurs paramètres qui rentrent en compte. Moi j’ai un profil qui peut être aussi bien calé avec des artistes techno qu’avec des artistes house, je suis un peu entre deux ! Mais c’est aussi très intéressant parce qu’il y a un côté vraiment challengeant, et je joue des choses différentes, en fonction de l’heure, du type de festival, du type de public… Un peu comme en club, même si dans ce cas là, je peux m’aventurer sur un terrain un peu plus sombre.
Les festivals, c’est l’été, le public est très good mood, parfois en vacances…Il n’a pas forcément envie d’écouter du son qui tabasse à 16h ! Donc il faut aussi s’adapter.

 

Quelle track ne quitte jamais ta clé ?

C’est un son qui s’appelle “Taste your body”, d’un artiste de Malte, Acidulant : c’est un son entre techno et EBM. Je trouve que cette track se cale bien dans les sets, avec son côté hyper puissant et des phases semi-épiques, tout en gardant une expression du début à la fin. C’est une track très bien construite, vraiment puissante.

 

Ton line up de rêve ?

Je commencerais par Soyoon, une artiste que j’adore, résidente au Macadam à Nantes, que je trouve très talentueuse.
J’aurais aussi bien envie de faire Helena Hauff b2b Imogen (elles ont déjà fait un b2b ensemble à Sónar), et leur alchimie semble assez fascinante.
En closing, je choisirais Dr Rubinstein. Je l’avais invité lors de ma dernière résidence au Badaboum, et j’adore ce qu’elle joue, c’est très solaire tout en restant techno acid, bien épique, très cool !

 

Quel·les artistes ne manqueras-tu pas au Macki ?

J’ai hâte de voir Bambi en b2b avec Hewan, Tatie Dee qui est une copine, et aussi Hyas et Kaba dont j’adore la proposition. Ce que j’apprécie c’est la manière dont Hyas réussit à élargir le projet, jongler avec du rap et de la musique électronique.

 


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