Rencontre avec Romane Santarelli, une artiste à la croisée des genres, entre techno énergique et mélodies electronica teintées de pop

Retranscrire une rencontre, transmettre une histoire, délier les langues et apprendre de celles·ceux qui façonnent notre paysage des cultures électroniques. Technopol part à la découverte des personnalités singulières de notre milieu, certaines dans l’ombre et d’autres sur le devant de la scène.

Pour le nouvel épisode de notre rubrique 10 min avec, nous avons posé quelques questions à Romane Santarelli, une artiste à la croisée des mondes qui oscille entre techno énergique et mélodies electronica teintées de pop. Compositrice clermontoise, elle s’impose sur la scène électro alternative française depuis plusieurs années, avec l’ambition de faire résonner sa musique bien au-delà des frontières. Habitée d’une puissance inébranlable, elle déploie ses ailes et fait battre le cœur d’une foule ivre d’amour. D’une douceur brute, les basses de Romane frappent les corps et les enivrent dans un rêve perpétuel.
À l’occasion d’une soirée organisée par le label Balagan Music au Sacré, nous sommes allé·e·s à la rencontre de Romane pour comprendre ses inspirations, son travail et ses aspirations.

 

Bonjour Romane, et ravie de te rencontrer ! Pour contextualiser, je t’ai découverte sur la scène du Wyld Festival à Toulouse. C’était en 2019, il s’est passé beaucoup de choses pour toi depuis. Pour commencer, comment décrirais-tu ta musique ?

Je dirais que c’est quelque chose d’hybride qui mêle de la techno, des touches pop, de l’electronica avec un côté techno mentale et parfois de la new wave. J’ai envie de faire une musique qui parle à tous, mais il y a quand même un background assez techno.

 

Comment es-tu arrivée dans l’univers des musiques électroniques et quelles ont été tes influences musicales ?

Au départ j’étais dans des petits groupes, dans lesquels on reprenait Gorillaz, Arctic Monkeys… tous ces trucs un peu pop indé, mais j’avais besoin de créer quelque chose qui venait de moi. Je voulais installer des logiciels, et c’était compliqué au départ parce qu’il n’y avait personne pour me montrer comment faire.

Puis au lycée j’ai acheté un contrôleur et des débuts de matériel, ça a été ma porte d’entrée vers l’électro. À l’époque j’écoutais Rone, Fakear, Thylacine, Worakls, Vitalic – l’énergie rock qu’il y a dans sa musique me fascine et c’est que j’essaye de montrer aussi dans la mienne -, Birdy Nam Nam, Prodigy, Paul Kalkbrenner…

Il y a une anecdote que j’aime bien raconter et qui a marqué un virage. J’avais acheté l’album Créatures de Rone, que j’ai mis dans la voiture. Je n’ai pas accroché à la première écoute. Puis le CD s’est coincé dans le poste donc j’ai écouté l’album en boucle, et ça a été une bénédiction parce que le fait d’y revenir et de le réécouter, ça m’a donné des clés de lecture et je me suis rendu compte qu’il était dingue. Sa musique m’a fascinée et ça m’a donné envie de me diriger vers quelque chose d’un peu mental, onirique, avec de la mélodie, de l’imaginaire.

 

Qu’est-ce qui te stimule dans le fait de produire de la musique électronique ? Qu’est-ce que tu recherches à travers les sonorités que tu incorpores à tes compositions ?

J’aime trouver une base un peu commune aux oreilles des gens, puis par-dessus y ajouter des mélodies et des sonorités qui vont venir casser cette base pour créer de la surprise et de l’émotion. J’adore le live parce que je recherche en permanence cette cassure, et je peux davantage le faire lorsque je suis sur scène. J’ai envie de faire une techno qui soit tout sauf noire, proposer une énergie qui est positive et colorée.

 

Tu as collaboré avec plusieurs artistes engagé·e·s comme Les Mamans du Congo récemment. Quel message veux-tu transmettre au travers de ta musique ?

Souvent, on pense la musique “engagée” comme militante, qui suggère le changement très immédiat, avec des propos scandés et des messages clairs et qui ne font pas de doute sur le fait qu’ils sont engagés. Et je trouve qu’on a besoin de personnes qui se rendent visibles pour faire passer des messages.

Mais il y a aussi un autre type de musique qui va suggérer des chemins alternatifs de manière plus subtile, plus spirituelle. Je ne me considère pas activiste dans ma musique, j’aime bien parler de choses légères, d’amour, de quotidien, et apporter une énergie positive dans ce que je propose.

 

Tu fais souvent le parallèle entre la musique et les tableaux, et l’aspect visuel de ton projet global est indissociable de ton identité. Quel est ton rapport à l’image ?

Un de mes premiers rapports à la musique, ce sont les CDs qu’il y avait chez mes parents. Avant même d’être touchée par ce que j’écoutais, j’adorais fouiner et regarder les pochettes. Je pouvais les regarder pendant des heures, j’avais cette intrigue de l’image et ça me donnait envie de découvrir la musique et d’écouter le CD une fois que j’avais kiffé la pochette.

Donc je pense que j’ai gardé ça, et après en commençant en tant qu’artiste sans vraiment d’entourage, je me suis mise à faire mes pochettes, j’ai adoré faire ça ! Je me disais que même si je n’étais pas la meilleure là-dedans, j’étais peut-être la personne qui allait retranscrire au mieux ma musique. Je prenais beaucoup de plaisir à le faire. L’image me fascine et c’est tout autant important que la musique.

 

Quel lien perçois-tu entre la musique, les couleurs et l’image ?

Moi quand j’écoute des projets, j’ai envie de tomber sur des artistes qui me proposent une histoire globale. Ce lien entre la musique et l’image m’intéresse énormément, j’adore prendre part aux réflexions autour des couleurs et des lumières avec mon équipe.

Quand les morceaux sont frais, j’ai une vision assez précise de ce que je veux faire en live et sur le dernier album par exemple, on a bossé sur 15 morceaux en collaboration avec 7 artistes différent·e·s, français·e·s et libanais·e·s. Chaque musique à sa couleur, sa scénographie, son histoire à raconter.

Par exemple Alfred c’est un artiste de BD, Victor fait de la création 3D, avec Nicolas et Elisa on a appris à décoder une machine d’intelligence artificielle pour concevoir un visuel entièrement généré par ordinateur. Avant le résultat il y a le procédé en lui-même, et c’est une partie qui me plaît vraiment parce qu’elle permet d’explorer plein de types de créativités.

 

Il s’est passé beaucoup de choses ces derniers temps, ta signature chez Balagan Music (label de Wagram), la sortie de ton premier album Cosmo Safari. Tu peux nous en dire plus sur tes projets à venir ?

On va faire une réédition pour les un an de l’album avec des remixes. Pour le moment il y a Bernadette, Metrolog sur le deuxième et le reste c’est confidentiel.

Puis il y va y avoir des nouveaux sons, que je commence à jouer en live. On va lancer une édition CD et vinyle très prochainement sur l’album Cosmo Safari.

J’ai écrit plein de scénarios, j’ai bien envie d’avoir une phase de tournage aussi, c’est une phase qui me fait du bien. Mon projet de musique c’est aussi un argument pour découvrir plein de trucs et d’avoir d’autres expériences, d’écrire, de collaborer avec des réalisateur·rice·s, d’être sur des tournages.

Et la suite c’est de faire vivre l’album en live à travers toute la tournée, avec le show audiovisuel sur lequel on a passé beaucoup de temps.

 

Ta musique évoque pas mal l’univers du rêve et tu en parles souvent de cette manière, alors ton rêve à toi, le plus grand et le plus fou, ce serait quoi ?

Sur l’aspect live, forcément il y a des salles qui me font rêver comme l’Olympia, après j’aimerais pouvoir me dire que ferai la BO d’un réalisateur ou d’une réalisatrice que je kiffe, et passer des mois à travailler dessus.

Des collaborations, bien sûr, mon rêve ce serait Damon Albarn, le chanteur de Gorillaz, Rone aussi ce serait ouf.

Et faire des tournées partout dans le monde. Voyager grâce à ma musique, c’est un sacré goal, c’est le rêve !

 

Merci Romane pour cette interview, on espère te recroiser très vite sur scène !

Retrouvez toute l’actualité de Romane Santarelli ICI.

 

Article écrit par Naomie Swartvagher

Photo ©Louise Mollier

 


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