À travers une tribune, Simo Cell repense le métier de DJ plus responsable et engagé

Depuis que le COVID-19 a bouleversé notre manière de consommer ces derniers mois, celui-ci ne cesse de donner lieu, dans les milieux festifs, à une réflexion poussée sur une nouvelle appréhension possible de la fête : plus respectueuse, plus inclusive, plus éco-responsable ? Autant de questions que s’est posées le DJ Simo Cell dans sa tribune Continuer à être DJ mais pas n’importe comment, parue le 22 juin dernier dans Libération, qui vise à dresser un portrait engagé d’une manière alternative de pratiquer le métier de DJ. 

“Pour la seule année 2019, j’ai parcouru 5 continents et fait 65 dates dont 47 à l’étranger et 18 en France. J’ai effectué 33 allers-retours en avion, 30 en train et 2 en voiture. Il m’est arrivé de faire des allers-retours express aux Etats-Unis ou de parcourir plusieurs milliers de kilomètres au sein du même continent sur de courts week-ends. Quand je repense à tout ça, j’ai le sentiment que cela n’a absolument aucun sens.”, déplore Simo Cell dans sa tribune parue dans Libération. A travers ce constat simple et parlant, l’artiste dénonce la manière dont le métier de DJ est pratiqué à l’internationale et explique avoir rebondi sur la période de ralentissement entraînée par le COVID-19 pour envisager un moyen de pratiquer sa profession tout en prenant en compte les paramètres sociaux et environnementaux qui se dressent sensiblement.

Pour ce faire, Simo Cell a réfléchi aux manières d’agir pour atteindre son objectif à plusieurs niveaux – pour lui, l’équation est simple : travailler responsable demande une remise en question de la mobilité et une intensification de la consommation locale. Il s’agit d’une part de privilégier les dates de proximité, nationales et au sein des pays voisins pour limiter les transports superflus et d’autre part de s’organiser pour multiplier les dates dans une même région quand il s’agit de faire de longs trajets. Dans le cadre de la table-ronde Danser Demain, organisée par Technopol le 24 juin, le DJ précise : “Je pense que je que je vais continuer à prendre l’avion de temps en temps pour aller faire des tournées à l’étranger, mais je vais les mener de manière plus longues et rester par exemple un mois entier sur le continent, peut-être même faire une seule tournée sur un continent par an.”

Pratiquer le métier différemment implique cependant des aléas qui demandent aux artistes de revoir à la baisse leurs attentes ou de renoncer à certaines dates ; les clauses d’exclusivité, souvent exigées par les grosses institutions, empêchent notamment les artistes de se produire dans une même région pendant un laps de temps défini et devraient selon lui être repensées. Ensuite, privilégier les lieux de proximité implique certes la redynamisation de la scène locale et la floraison de nouveaux talents mais également une baisse du montant des cachets alloués, ce qui peut constituer un inconvénient pour un artiste qui n’a pas le privilège de faire ce choix. Comme le souligne enfin Simo Cell, une autre manière de contribuer à cet effort est de reconsidérer sa mobilité à une échelle plus réduite : la sollicitation excessive de runners peut être notamment palliée par un hébergement à proximité des clubs et des festivals ou par la mutualisation des transports entre artistes.

Autant de contraintes auxquelles il est parfois difficile pour les artistes de se plier. Mais Simo Cell est prêt à faire cet effort et juge qu’il saura être partagé par plusieurs de ses semblables, dont la mobilisation est selon lui indispensable : “Bien sûr, nous aurons besoin d’une puissance publique forte pour éviter le désastre humanitaire et écologique qui se dessine. Mais, pour cela, c’est d’abord à nous de nous mobiliser, à l’échelle individuelle et dans une dynamique collective. La véritable crise serait de ne pas changer nos comportements et de continuer comme avant. Tirons-nous vers le haut.”, ajoute-t-il dans la tribune. Une déclaration d’espoir et d’engagement qui fera sans doute bouger les lignes au sein de l’écosystème de la fête.

Retrouvez la tribune complète de Simo Cell sur le site de Libération et son intervention pour Danser Demain sur la page Facebook de Technopol.

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