Technopol Mix 041 | Camila Rodhes

DJ, photographe et plus récemment label manager chez Inf3cted Records, c’est du 7ème art que Camila puise ses inspirations.
Résidant au Guatemala depuis ses 18 ans, elle y découvre l’univers sulfureux des raves. Mais c’est grâce au cinéma que la jeune actrice est initée au mix en 2015 afin d’incarner le rôle d’une DJ déjantée. Prise au jeu, elle poursuit l’expérience hors du tournage et mixe régulièrement dans les soirées locales.
De retour à Paris, elle gagne le DJ contest de la Paris Electronic Week 2022 puis celui du collectif Exil Factory. Cela lui permet de jouer sur de belles dates comme l’After de la Techno Parade, la Monarch ou encore Pisica.
Camila Rodhes aime construire des sets évolutifs et mystiques, agrémentés de matières et sonorités psychédéliques. Sa Techno est mentale, trippante, bâtie sur un groove hypnotique qui entremêle à la fois Trance, Electro et Breaks. Elle est notre invitée pour ce 41ème podcast de notre série Technopol Mix.

 

Quel était ton premier gig ? Comment l’as-tu vécu ?

Quand j’avais 23 ans, j’ai passé un casting pour un film et j’ai obtenu le rôle… d’une DJ ! À cette époque je sortais énormément en rave mais je ne savais absolument pas en quoi cela consistait de mixer. Deux semaines avant le début du tournage, j’ai eu un cours de 2 heures où on m’a expliqué le beatmatching. Pendant ces 15 jours, j’ai passé tout mon temps libre à préparer le set que j’allais mixer pour la scène que je devais jouer. Un pote m’avait passé un crack de Traktor et j’essayais de voir quels morceaux allaient ensemble. Je n’avais pas de contrôleur ou de CDJs pour m’entraîner sauf ce logiciel. Le jour du tournage j’ai mixé pour la première fois de ma vie, sur la main stage de l’Empire Music
Festival ( le plus gros d’Amérique centrale, là ou je vivais à l’époque). Le réalisateur m’avait dit que c’était pas grave si je mixais mal, et qu’il fallait juste que je fasse semblant de mixer comme une mega star parce que c’était pour le film qu’on faisait ça.
Je n’avais pas dormi de la nuit, c’était une énorme scène, il y a avait du monde, et sans avoir pu m’entraîner sur du vrai matos au préalable… autant vous dire que je n’ai pas réussi à caler un seul morceau ! Mais j’avais adoré digguer sur internet et préparer mon set, du coup c’est comme cela que ça a démarré. La semaine d’après j’avais mon premier vrai gig dans une rave organisée par des amis.

 

Quelle est l’histoire derrière ton nom d’artiste ?

Camila Rodhes c’est le nom d’un personnage dans un film de Lynch. C’est un réalisateur que ma cousine m’avait fait découvrir quand javais 18 ans et j’avais adoré son univers sombre, creepy et beau.
Artistiquement parlant je trouvais ça génial, l’audace dont faisait preuve Lynch en osant porter à l’écran des choses aussi introspectives et délirantes. C’est d’ailleurs ce que j’aime en art et en musique, j’aime qu’on m’amène là où je ne serai pas allée toute seule, je veux être surprise.
Et puis je m’appelle Camille. Camila c’est mon prénom en espagnol. J’ai vécu 8 ans en Amérique centrale, au Guatemala, là-bas on m’appelle Camila.

 

Un label où tu rêverais de release une track ?

Dans une réalité parallèle je fais un EP 100% Electro pour Mechatronica. Avec Maelstrom et Jensen Interceptor comme remixers. J’ai d’ailleurs glissé 2 morceaux sortis sur ce label dans le podcast.

 

Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?

J’ai eu envie de mélanger un peu tout ce que j’aime sur une base de Techno mentale hypnotique. Il y a de l’Electro, des breaks, du groove, de la Trance et ça vient même déborder sur la House à la fin. Si j’avais eu une heure de plus je serais partie full vers la Trance je pense.
Ce podcast représente bien mon style. Je suis une DJ Techno, mais j’aime l’agrémenter de tout un tas d’ambiances que je vais chercher ailleurs.

 

Quel est ton processus artistique lorsque tu produis de la musique?

J’ai commencé à produire sur Ableton en 2020 pendant le premier confinement. Mais même si j’ai trouvé ça très fun dans un premier temps je n’ai pas accroché complètement.
En découvrant Operator (le synthé analogique dans Live) je me suis rendue compte que ce qui m’intéressait était de synthétiser mes sons. J’avais déjà pas mal lu ou regardé des vidéos sur la synthèse modulaire mais je n’avais pas franchi le pas parce que cela me paraissait trop ambitieux.
En début d’année dernière j’ai finalement commencé par acheter un rack et quelques modules basiques. J’ai fait mes premiers patchs, et je suis tombée amoureuse du work flow qu’on peux avoir en travaillant sur du hardware.
Quand je fais du son, j’installe tout mon matos sur mon lit et en général je démarre déjà avec une idée en tête, ça peut être un un drum pattern, un drone, un lead… Je démarre sur un module ou un synthé et ensuite je fais évoluer le patch. Ce n’est pas vraiment de la production à proprement parler, mais plutôt une jam. Si je sens que je touche quelque chose j’enregistre, mais ce n’est pas automatique.

 

Quels sont tes projets à venir ?

Le développement de mon label. J’ai crée Inf3cted Records en début d’année avec une première sortie en avril par Cecilia Bu qui nous vient du Honduras. Ce label c’est pour sortir ma musique bien-sûr, mais aussi celle d’autres producteur·rice·s, afin de créer une identité sonore qui me tient à coeur. J’aime l’art, et manager un label ça veut dire collaborer avec d’autres artistes pour des projets visuels et sonores autour d’un même projet, ce qui peut créer des sources de revenus récurrentes pour certains, tout en bossant dans quelque chose qu’on aime. C’est chouette.
Le deuxième EP est prévu pour la fin de l’année par un artiste tunisien, et un des remixes par moi même. C’est la première fois que je vais sortir un morceau. Même si cela fait quelques années que je tripotte à tout ça je n’avais pas encore été jusqu’au bout.
Dans un futur un peu plus lointain j’aspire à présenter un Live, c’est la suite logique des jams que je fais en privé dans ma chambre.

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