
Technopol Mix 106 | Maemm
DJ engagée de la scène parisienne, Maemm s’impose avec des sets narratifs à la fois hypnotiques et percutants, mêlant rythmiques groovy et textures mentales. Co-fondatrice du collectif La Taquinerie, qui contribue à rendre la nuit plus safe et inclusive, et résidente du club La Gare, Le Gore, elle façonne un univers sonore en constante évolution, entre techno psychédélique, ambient et des esthétiques plus expérimentales. Elle a notamment eu l’occasion de partager l’affiche aux côtés de DJ Nobu, GiGi FM, Zadig, Yanamaste, Kerrie ou DjRum, et de performer au sein de clubs de renoms tels que le Berghain et Essaim. Fidèle à son approche immersive, elle nous livre ici un set taillé pour le peak time, pensé pour faire vibrer les corps à 3h du matin sur un dancefloor en transe. Pour accompagner la sortie de ce 106ème Technopol Mix, on a échangé avec Maemm sur ses influences, ses projets à venir, et son regard sur l’évolution de la scène électronique parisienne. Rencontre.
Quel·les artistes t’ont inspiré·es au fil de ton parcours ?
Beaucoup d’artistes m’inspirent et m’ont inspiré·es ! Je pense que Courtesy a été la première artiste à me donner envie de mixer. J’étais impressionnée par sa sélection et par les émotions qui se dégageaient dans ses sets. J’étais aussi assez fan du mouvement techno qui se développait à Copenhague à ce moment-là et du label Kulør qu’elle gérait avec les releases de Schacke, Sugar etc. J’ai été ensuite très marquée par un set de Regis que j’avais vu au Bikini à Toulouse en 2018. Sa techno était tellement précise, minimaliste et classe ! Pour continuer dans cette vague, Freddy K a été une grande source d’inspiration aussi, notamment dans sa capacité à garder un flow constant dans ses sets et créer une vibe assez incroyable sur le dancefloor. Un autre set qui m’a énormément marquée a été celui de DJ Nobu au Parallel festival en 2023. Il jouait énormément d’influences différentes mais tout restait hyper cohérent et captivant. Il m’a vraiment emportée avec lui, je n’avais jamais ressenti ça ! Aujourd’hui, je m’inspire beaucoup de ce que font par exemple DJ Maria et Gigi FM. Je trouve qu’elles ont toutes les deux une identité très forte tout en explorant des univers musicaux divers, et que chacun de leur set raconte une histoire différente à chaque fois.
Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?
J’ai voulu axer ce podcast sur quelque chose d’énergique, et qui peut donner une idée d’atmosphères que je pourrais jouer en club en peak time. J’ai choisi des tracks que j’ai découvertes récemment et que j’ai eu l’occasion de jouer en club.
Comment sélectionnes-tu tes sons ?
De manière générale, je passe beaucoup de temps à diguer et me perdre sur Bandcamp. Généralement avant chaque gig je vais réfléchir à des ambiances que j’ai envie de développer en prenant en compte le lieu, la line up et l’horaire auquel je joue, et je vais chercher des tracks en fonction de ça.
Que penses-tu de la nouvelle scène qui apparaît aujourd’hui ?
Je vais parler de Paris car c’est là que je suis basée. Je la trouve hyper riche et diversifiée musicalement. J’ai l’impression qu’il y a de plus en plus une volonté d’aller au-delà des genres musicaux, ce qui donne des propositions super intéressantes. Je trouve qu’il y a des collectifs et des projets incroyables qui font vivre la scène comme Spectrum, Hors Sol/Outrebleu, Kluster, De là je l’espère…, No Faces, Nébuleuse pour en citer quelques-uns, et des lieux vraiment cools qui ont ouvert ces dernières années. Il y a encore de nombreuses problématiques d’inclusivité et de représentation, mais il y aussi des initiatives incroyables comme Réinventer la nuit et Consentis qui font un travail vraiment impressionnant pour faire bouger les choses.
Plutôt festival ou club ? Pourquoi ?
Spontanément je dirais club parce que je trouve que ce sont des espaces plus intimistes où je vais me sentir davantage connectée au public. Après, je crois que c’est surtout une question de taille et de DA. Je préférerais jouer dans un festival avec une petite jauge en pleine nature et avec une DA musicale précise, plutôt que dans un club immense sans réelle identité.
Quels sont tes projets à venir ?
J’ai récemment lancé un podcast documentaire qui a pour objectif d’aborder la vie des artistes de musiques électroniques sous le prisme de la santé mentale, et de réfléchir sur notre scène. Le podcast est composé d’interviews croisées entre des artistes, mais aussi des expert.es (professionnelle de santé, journaliste, activiste etc.). Entre janvier et juin 2024, j’ai obtenu une résidence à la Gaîté Lyrique où j’ai pu m’entretenir et enregistrer des interviews avec ces différent•es acteur•ices pour évoquer les différents enjeux auxquels peuvent être confronté•es les artistes de musiques électroniques. Un premier épisode sur le thème du métier passion est sorti au mois d’avril, et il devrait y avoir 3 autres épisodes thématiques à venir. À part ça, il y a plusieurs dates à venir qui me réjouissent et que j’ai hâte d’annoncer !